Un nouveau préfet en Isère, une réunion à l’Elysée à venir sur « les problèmes que posent les comportements de certains des gens du voyage et les Roms » : le président de la République reprend l’offensive sécuritaire pour répondre aux violences des derniers jours.
La posture sécuritaire, un fond de commerce usé
Il faut dire que celui qui fut ministre de l’intérieur de Jacques Chirac a géré directement ou indirectement la sécurité des Français sur sept de ces huit dernières années, et a multiplié les déclarations plus fracassantes les unes que les autres, ainsi que les lois. Du coup, un scepticisme généralisé s’est emparé de la plupart des médias qui remettent en cause à demi-mot son bilan.
En fait, il est difficile de juger les annonces du gouvernement avec sérénité. L’éviction du préfet de l’Isère et la réunion sur les gens du voyage sont-elles des décisions justes et courageuses ou simplement des annonces destinées à donner le change face aux inquiétudes des Français ? Il faut dire que les maigres résultats de Nicolas Sarkozy sur le sujet ne poussent guère à la tolérance…
Insécurité : un bilan désastreux
Comme l’a souligné récemment le Chafouin dans un bon billet, « dans le bilan de sarkozy, il faudra retenir le fiasco sécuritaire ». Tous les jours, on peut constater que l’insécurité n’a pas baissé depuis huit ans, malgré les innombrables déclarations du président. Cet échec patent de la politique qui l’a lancé risque de peser lourd dans la balance en 2012, quand les Français se demanderont s’il faut lui accorder un nouveau mandat. Une impression d’échec sur la sécurité serait redoutable.
Et pour l’instant, il s’agit bien d’un échec. Derrière la posture sécuritaire, le bilan est extrêmement mauvais. Si les chiffres globaux de la délinquance ont tendance à baisser, cela s’explique par la chute des atteintes aux biens, notamment les vols de voitures, du fait du bien meilleur équipement des véhicules et pas vraiment de l’action du gouvernement. En revanche, les violences aux personnes, bien plus marquantes, ne cessent de progresser depuis huit ans malgré les lois et les annonces.
Aujourd’hui, trop de délits mineurs ne sont pas sanctionnés, appelant sans doute des gestes plus graves. Il est donc essentiel qu’au-delà des grands discours et des nouvelles lois, l’Etat casse le cycle de la violence pour restaurer son autorité et le respect des règles de vie en société.
Laurent Pinsolle